mercredi 5 décembre 2007

Série Gaspi : Aides aux Banlieues rouges

(valeurs actuelles du 23-11) (Désolé, un peu long mais tellement instructif sur la gabegie française.)
Plus de 4,4 milliards d'euros ont été consacrés par l'État à la politique de la ville en 2005 – sans compter les crédits de rénovation urbaine -, "avec une efficacité et une efficience incertaines", écrivent les magistrats de la Cour des Comptes, qui déplorent « la multiplicité des instances et la complexité des processus de prise de décision ». La simple énumération des organismes compétents et de leurs domaines d'intervention suffit à leur donner raison. Leur rapport s'achève par la liste des sigles utilisés : pas moins de quatre pages !
Au Comité interministériel des villes (Civ), datant de 1984, s'est ajouté le Conseil national des villes (CNV) créé en 1988, en même temps que la Délégation interministérielle à la ville (Div), qui a transmis ses missions l'an dernier à l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances (Acsé), sans pour autant disparaître. La Div exerce aujourd'hui la tutelle de l'Acsé, conçue comme le pendant de l'Agence nationale de rénovation urbaine, l'Anru : la première est destinée à « piloter les crédits d'intervention », la seconde à « mobiliser les crédits d'investissement ». Le tout coiffé par un ministère dirigé par Christine Boutin flanqué d'un secrétariat d'État à la Politique de la ville, confié à Fadela Amara. Tous ces organismes interviennent en faveur de 751 ZUS, 416 ZRU et 100 ZFU. Les Zus (zones urbaines sensibles) se caractérisent par « la présence de grands ensembles ou de quartiers d'habitat dégradé et par un déséquilibre accentué entre l'habitat et l'emploi ». Les ZRU (zone de redynamisation urbaine) sont des Zus « confrontées à des difficultés particulières ». Les ZFU (zones franches urbaines) correspondent, pour la plupart aux ZRU « les plus en difficulté ». Selon l'Insee, près de 4,7 millions de personnes vivent en "zone urbaine sensible", soit 8 % de la population nationale : un habitant sur douze ! Ils bénéficieront de l'un des 495 contrats urbains de cohésion sociale (Cucs), qui succèdent aux "contrats de ville" arrivés à terme cette année. La politique de la ville « s'est construite en millefeuilles. C'est une spécificité française : on invente un nouveau dispositif sans annuler le précédent.
En dix-sept ans, dix-neuf ministres ont été chargés de la politique de la ville ! et les plans succèdent aux plans, sans que l'on puisse distinguer ce qui relève de l'effet d'annonce de ce qui se fait vraiment. En 1993, la droite adopte un plan de relance pour la ville, doté de 15 milliards de francs sur cinq ans, avant qu'Alain Juppé ne présente son "plan Marshall" pour les banlieues en 1996. Il en coûtera, cette fois, 15 milliards de francs sur trois ans. En décembre 1999, c'est au tour de Lionel Jospin de lancer son plan de rénovation urbaine et de solidarité, doté de 20 milliards de francs sur six ans, mais il ne faudra pas attendre deux ans pour qu'un autre plan voie le jour, en octobre 2001, d'un montant de 5,3 milliards d'euros sur cinq ans ! Alternance oblige, Jean-Louis Borloo lance en 2002 un nouveau programme de rénovation urbaine visant à démolir, construire ou rénover 600 000 logements sociaux en cinq ans. 30 milliards d'euros y seront consacrés sur cinq ans Une chose est sûre : l'argent investi dans les banlieues n'a pas manqué. Si l'on se fie aux documents budgétaires, les crédits accordés à la ville par l'État, les collectivités locales et l'Union européenne ont atteint 34 milliards d'euros entre 2000 et 2005. Pour quels résultats ?

ndpp : Ca en fait des fonctionnaires dans tous ces gruyères ! Pour rien.