mardi 11 mars 2008

Toi parler moi fransait

Pour Michel Mathieu-Colas, linguiste, prof à l'université Paris-XIII, la perte de la maîtrise de la langue est un symptôme de la crise actuelle de l'Éducation nationale. (figaro du 11-3) Son témoignage d'universitaire ici :
http://www.lefigaro.fr/debats/2008/03/11/01005-20080311ARTFIG00399-maitrise-du-francais-par-michel-mathieu-colas-.php
À la lecture de certaines copies d'étudiants, il est permis d'hésiter entre le rire et la stupeur. Le rire, quand on demande aux étudiants la définition de certains mots :
  • hexagone, «triangle qui a beaucoup de côtés» ;
  • hémicycle, «vélo à une roue» ;
  • polygame, «qui associe plusieurs jeux» ;
  • om­ni­potent, «qui a tous ses membres» (le contraire de impotent ?).
Et si la gérontologie devient, aux yeux de certains, «la science des fossiles» ou «l'étude des dinosaures», il ne faut y voir, de leur part, nulle ­marque d'irrespect…, mais sim­plement une confusion avec la paléontologie.
La stupeur, quand on mesure l'ampleur du déficit lexical. Beaucoup de mots supposés connus sont ignorés, d'autres sont mal compris ou pris à contresens :

  • occulter = «examiner»,
  • hégémonie = «caractère homogène»
  • concis = «développé»,
  • éphémère = «éternel».
Dans un autre registre, les journalistes et les hommes politiques ne mesurent pas toujours les malentendus qui peuvent détourner leurs écrits ou leurs discours : j'ai observé que 25 % d'un groupe d'étudiants ne comprenaient pas le mot xénophobie (ou le défi­nissaient mal : «peur de l'enfer­mement»). Quant aux médecins, imaginent-ils qu'un antiseptique puisse servir à «lutter contre les insectes» ?
Pour mémoire, budget global annuel de l'éducation nationale : 100 milliards d'euros...