jeudi 27 mars 2008

Tibet entre + et -

Intéressante analyse dans les échos du 27-3 sur le Tibet, pour dépasser la présentation hémiplégique de nos médias audio-tv, comme d'habitude. Extraits :
Pékin s'est trompé de recette. Convaincues dans les années 1990 que la croissance à tout prix gommerait automatiquement l'ensemble des problèmes sociaux du pays, les autorités chinoises ont cru que le développement à coups de subventions du Tibet allait, de lui-même, étouffer toutes les revendications identitaires. Les différences culturelles, tant marquées dans cette lointaine contrée, allaient bien finir par se fondre dans le PIB. Les Tibétains allaient devenir de bons Chinois.
Le gouvernement central a ainsi déversé des fortunes dans la « région autonome du Tibet » conquise en 1950. L'an dernier, Pékin a promis de débloquer, à nouveau, 14 milliards de dollars d'ici 2010 dans la zone pourtant peuplée par moins de 3 millions de personnes. Plus de 180 nouveaux chantiers sociaux ou d'infrastructures auraient été identifiés. En 2006, l'Etat a inauguré la construction pharaonique d'une ligne de chemin de fer reliant Lhassa à plusieurs grandes villes chinoises. A lui seul, ce projet aurait coûté 4,2 milliards de dollars. Depuis sa « libération » par la Chine, la région aurait enregistré un recul de la mortalité infantile et de l'analphabétisme ainsi qu'une hausse de l'espérance de vie. Les experts indépendants admettent que le PIB du Tibet a doublé entre 2002 et 2007 et que la croissance annuelle dépasserait régulièrement les 12 %.
Les Occidentaux, passionnés pour le « Tibet libre », cultivent l'image romantique d'une terre bouddhiste naturellement pacifique envahie par les mécréants chinois. Ils opposent la candeur d'une région presque moyenâgeuse, traversée par de paisibles bergers et de gentils moinillons aux joues rouges, à la violence des colons communistes assoiffés de croissance et de modernité. Dans ce cliché, les lynchages d'habitants « hans » - l'ethnie majoritaire en Chine - et de musulmans par des manifestants tibétains survenus dans les premières heures des manifestations du 14 mars à Lhassa n'ont pas vraiment leur place. Cette rage raciste, racontée par les rares étrangers présents dans la ville, a d'ailleurs été souvent occultée par les télévisions occidentales "rendant compte" de la crise.
http://www.lesechos.fr/journal20080327/lec1_idees/4705982.htm
Toutes proportions gardées, cela rappelle le colonialisme français qui a investit des fortunes en Afrique sans grand retour... Une grande différence : les tibétains ne risquent pas de rétro-coloniser l'immense et surpeuplée Chine, au contraire de la France qui se laisse rétro-coloniser par les africains.
Au cas présent, s'il y avait une épreuve de "spiritualité" aux JO, il est certains que les cocos chinois louperaient la médaille d'or.